04 décembre 2012

L'acceuillante et spirituelle Thaïlande

Déjà presque 2 mois que nous sommes débarqués en Thaïlande avec nos motos. Nous commençons à peine à nous habituer au rythme de la vie, douce et paisible, qui coule partout où nous posons nos roues.
Avant de quitter Bangkok, Deaw avait pris l'initiative de nous emmener à Ayuttaya visiter quelques temples. Deniz et moi avons aussi pris le temps de visiter l'incontournable palais impérial, à deux pas de Bouddha de notre « guesthouse ».
En quittant Bangkok, nous avons mis le cap sur Kanchanaburi, une première étape accessible et agréable, même si ça nous faisais faire un grand détour pour rejoindre Chiang Mai. Malgré toutes les options dans la région, nous avions convenu de n'y passer qu'une seul journée et nous l'avons consacrée à la visite du Temple des Tigres. Les moines qui gèrent et habitent le temple, recueillent des bébés tigres orphelins et se proposent de les remettre en liberté un fois arrivés à maturité, dans un endroit propice à leur survie. Bien qu'ils fassent tous les efforts possibles pour que cette initiative ne devienne pas une « attraction touristique », l'affluence de visiteurs amène immanquablement un côté « Parc Safari » à toute l'affaire.
Au départ de Kanchanaburi nous étions attendu à Kamphaeng Phet par la très sympathique famille Piroon, parenté proche de Deaw. Leur affabilité nous a grandement touché.
C'était soir de fête en ville à l'occasion du festival de la « Petite Banane ». Nous avons été trimballé, restauré et présenté aux divers connaissances de la famille, comme si nous étions des personnages hautement prestigieux. Le papa Lek, et la maman Jahâa sont haut-placés dans le système d'éducation de la province, grand-papa est colonel de la police à la retraite, et Sai, leur fille de 18 ans, s'apprête à commencer l'université en architecture.
Quand fût venu le temps de partir, grand-papa voulait absolument sa photo avec nous et les motos. Il nous a aussi remis une lettre avec son numéro de portable, qui nous tirerait sans ambages de toutes circonstances impliquant les autorités, advenant une telle situation.
La famille Piroon
Nous avons filé jusqu'à Chiang Mai sur une route qui ne nous laissait qu’entre-apercevoir les splendeurs de la Thaïlande du nord, celle des montagnes et des cultures en terrasse, des rizières dans les recoins les plus inimaginables, ne croisant qu'un cobra apeuré qui a eut tôt fait de disparaître après s'être dressé et nous avoir montré ses dents.
Nous ne sommes resté à Chiang Mai que le temps d'avoir un petit aperçu de la multitude de plaisirs et de douceurs que cette charmante ville avait à nous offrir, de nous donner un avant-goût du délicieux rythme de vie Thaï. Enchaînant yoga Ashtanga et massage, nos corps pouvaient s'offrir sans gêne les extravagances de la succulente cuisine siamoise.
Le festival de la "Petite Banane!

Mon ami Daniel, dont l'épouse Sunee est originaire du petit village de Pathai, nous avais fourni assez d'informations pour arriver à localiser ce minuscule hameau pas même mentionné sur google maps. Sunee, de son côté, avait prévenu les membres de sa famille de notre arrivée imminente. Avec l'aide de notre fidèle GPS, nous sommes parvenu jusqu'à la porte de Nalou, sa sœur, qui elle nous a mené chez son fils Wasan et sa petite famille, seul personne du village à baragouiner assez l'anglais pour avoir quelques conversations agréables et Ô combien instructives.

Deniz, Wasan et sa famille
Wasan et sa famille ont été d'une générosité et d'une gentillesse incroyablement spontanée. Nous étions invité à chaque repas chez un frère, un oncle, une cousine, tous voulaient recevoir les « farangs » à moto. Le timing de notre visite ne pouvait mieux tomber : c'était la fête annuelle qui célébrait la récolte du riz nouveau. À chaque jour il y avait des parties de foot « amicales » et le repas de midi était préparé par les habitants du village hôte. Un festin différent, selon la spécialité de chacun.
Pathai vu de l'autre rive
Pendant notre séjour à Pathaï nous sommes parti en excursion jusqu'à Chiang Rai, seconde plus importante ville du nord, tout près du Triangle d'Or que forme les frontières de la Thaïlande, du Laos et de la Birmanie, et nommé ainsi à cause de la culture de pavot et de la frabrication d'opium dans les années 70. Nous avons ensuite fait un grand détour par Doi Tung et les petites routes montagneuses qui serpentent à travers les plantations de thé, avant de rentrer au village où nous étions attendu pour le souper.
Même Bouddha n'arrive pas à dormir
Une plantation de hté
Les coqs asiatiques ne se réveillent pas tous à la même heure, les premiers à pousser un cri rauque entraînant les autres, la « coquophnie » débute bien avant les premières lueurs de l'aube. Et tous ceux et celles qui ont un peu voyagé dans ces contrées savent que les murs des maisons de bambou sont minces, que la vie dans un petit village commence tôt et que le syndrome du « voisin qui aime les petits moteurs » est très répandu, même dans ces régions qu'on continu d'imaginé perdues. Après quatre jours et trois nuits de cette hospitalité villageoise et familiale ininterrompue nous sommes repartis vers Chiang Mai, en quête de sommeil, en empruntant une toute petite route qui traverse le Parc National au sud de la rivière Kok et qui chevauche la crête des montagnes, en prenant bien soin d'éviter de rouler sur la queue des serpents qui se dressaient à notre passage.
La base de la future cuisine de Vari
Arrivé à Chiang Mai, Deniz s'est empressée de trouver les informations pour participer à une retraite de méditation Vipassana dans un temple tout proche. 10 jours d'un séjour avec elle-même qui transforme inexorablement une vie. Je n'allait pas rester en reste! Notre rencontre avec Vari, l'instructeur de yoga Ashtanga du studio WildRose, m'a offert une opportunité que j'ai vite saisie. Vari venait tout juste d'emménager en plein cœur de Chiang Mai dans une maison de style « Lana », entourée d'un immense jardin mais complètement dépourvue d'un coin cuisine.
Le résultat, juste avant notre départ
Le « bricoleur » en moi n'a fait qu'un tour et j'ai entrepris de lui donner un « petit » coup de main pour en fabriquer un. Le travail du bois nécessitant beaucoup d'outils, nous avons opté pour un concept tout béton. Le temps de trouver et de faire livrer les matériaux et hop! nous voilà à mélanger du ciment à la pelle, par 30°C. Entre les classes de yoga Ashtanga de plus de 2 heures et nos 3-4 heures de béton quotidien, mes 10 jours d'attente ont été bien comblés et très profitables pour tous. Quand est venu le moment d'aller chercher Deniz au temple à la fin de sa retraite, elle me semblait nimbée d'une aura et flotter un peu au-dessus du sol. Était-ce dû à mon travail physique, au sien spirituel, à la lumière du soleil couchant se reflétant sur les dorures du temple ou à la combinaison de tout cela?
Deniz à la sortie

Les jours qui ont précédés notre départ de Chiang Mai ont coulés comme l'eau qui ceinture cette petite cité, calmes et rafraîchissants.
Pendant ces 10 jours j'ai aussi « travaillé » très fort pour obtenir de nouveaux Carnets de passage en douanes pour les deux motos. Je ne vous fait pas le récit ennuyant de cette aventure rocambolesque s'étant déroulée dans le cyberespace, entre une préposée de CAA National à la pré-retraite, une préposée du services aux membres des caisses Desjardins, et moi décalé de 12 heures, afin de retrouver les $14 000.00 de garantie égarés pendant 24 heures dans ce même cyberespace. Une autre opportunité pour moi de pratiquer le lâcher-prise, là, ici, maintenant!
Comme on était dans le nord du pays, de parcourir la boucle de Mae Hong Son s'avérait un incontournable avant de rentrer à Bangkok quérir les précieux Carnets chez notre ami Deaw. La boucle de Mae Hong Son est une route légendaire parmi la confrérie motocycliste à travers le monde, avec ses 1864 courbes, traversant des montagnes qui culminent jusqu'à 2000 mètres tout du long de la frontière birmane. Une première étape à Pai, petite ville lovée au creux d'une vallée de rizières, où on trouve bon nombre de sources chaudes et traversée par une rivière au bord de laquelle on peut dormir dans de douillets petits bungalows.
La rivière passe juste derrière. Ça dors très bien!
On aurait pu aisément y passer quelques jours si notre calendrier nous l'avait permis. En parcourant la route jusqu'à Mae Hong Son le lendemain on a vite convenu qu'il fallait absolument revenir explorer les cavernes et autres merveilles de la région. À Mae Hong Son, les luxueuses « cabanes » en pleine jungle nous ont complètement subjugué. On s'est offert un jour de plus pour découvrir et profiter un peu du coin.
Source chaude très bien aménagée à Pai
Deniz se pratique avant la route difficile
Notre carte papier et celle de GPS nous permettaient de croire qu'on pouvait rallier Mae Chaem en passant par une petite route non-pavée par endroit, et laissaient donc entrevoir un joli défi et des paysages moins fréquentés. On s'est engagé sur la petite route un peu avant midi et les nuages accrochés au faîtes des montagnes nous semblaient tellement lointains et si peu menaçants que nous nous sommes joyeusement enfoncés au milieu de la jungle, jusqu'à ce que la route se dirige tout droit sur les gros nuages noirs qui grondaient de plus en plus à notre approche.
Une pause après la pluie

La pluie n'a pas durée très longtemps mais fut assez intense pour détremper bien comme il faut cette route de glaise rouge et de roche rendant la conduite éprouvante, exténuante, même pour moi qui a un peu d'expérience : imaginez pour Deniz qui en est à ses premières tentatives sur piste. Les pentes abruptes, les grandes ornières boueuses et glissantes, chargés comme les escargots que nous sommes. Et bien elle a réussi à traverser les 30 kilomètres de route « hardcore », plus les dix derniers à la tombée du jour, quand on a finalement rejoint la route pavée. Elle était d'une pâleur inquiétante, mais tellement heureuse d'avoir accompli cet exploit, d'avoir traversé ce moment ou on sent qu'on va abandonner, que les forces nous quittent et que, tout-à-coup, la détermination nous pousse à nous surpasser, à transcender la peur.
Le plus haut sommet sur la route de Mae Hong Son
La terrasse de Lorraine à Lampang
Après un repas simple mais généreux, nous nous sommes tous les deux écroulés pour une nuit de repos indispensables. Au matin, encore maculé d'hier, nous sommes redescendus des montagnes jusqu'à Lampang. Est-ce que les efforts et l'épuisement des jours précédents y sont pour quelque chose? Sans aucun doute! Toujours est-il que Deniz fut assailli par un violent virus pendant la nuit. Elle en fut quitte pour 2 jours au lit, n'émergeant de temps en temps que pour avaler un liquide chaud. Le « guesthouse » où nous avions heureusement échoué était tenu par Lorraine, une sympathique italienne/belge qui a épousé un thaï mordu de moto il y a 35 ans de cela. Ils ont deux Harley étincelantes dans la boutique à l'entrée.
Un départ prometteur sur une route de toute beauté

J'en ai profité pour faire un minutieux nettoyage de nos deux montures, sous les regards ébahis des autres clients de Lorraine. En ouvrant mes valises et en mettant la main sur la bouteille de pur vinaigre balsamique que nous avions acheté à Modena en Italie, j'ai proposé à Lorraine un échange impossible à refuser : je fourni le précieux nectar en échange d'un grand bol rempli des ingrédients qui feront une délectable salade. L'aveugle érudit, le cycliste slovène et le couple d'américain ont tous été séduit par notre œuvre, et nous l'avons partagé avec bonheur.
Une p'tite chanson!  

Quand Deniz fut suffisamment remise, nous avons fait une nouvelle escale à Kamphaeng Phet, chez la famille Piroon, qui nous a, une fois de plus, accueilli comme les grands mandarins d'un empire lointain. Deniz tenait tellement la forme qu'elle est allée jusqu'à trois interprétation sur la scène du Karaoké local. Lek, Jahâa et Sai se sont joint à nous pour savourer le Lap Mu que Jahâa m'a enseigné à préparer pour le déjeuner : une préparation de porc haché, bouilli, et mélangé à de la poudre de riz grillé, du jus de lime et d'herbes fraîches. Un pur délice!
Notre agent, notre guide, notre sauveur, Deaw

Deaw nous attendait à notre arrivée à Bangkok. Pour la première fois nous avons fait une entorse à notre règle de ne pas emprunter l'autoroute. La route entre Kamphaeng Phet et Bangkok est une grande plaine couverte de villes et de villages sans grands intérêts qui nécessitait plus de 12 heures à parcourir, alors que l'autoroute nous y mène en moins de 5. Après avoir savament évité la pluie toute la journée, nous sommes entrés à Bangkok sous une averse bien constante. Notre liste de petites emplettes urbaines s'allongeait et nous obligeait à passer plus de temps que nous ne le souhaitions dans Bangkok polluée et pollueuse, mais si débridé. Heureusement que Deaw est là! Dévoué, voir zélé dans ses démarches pour nous aider à dénicher même nos plus insolites caprices. Muni de son immense tablette multimédia et de son non moins immense VUS, nous parcourons cette mégapole dans tous les sens, à des vitesses parfois vertigineuses, compte tenu du trafic intense qui sévit ici. Il a des contacts ou de la parenté dans toutes les sphères, connaît tous les raccourcis possibles. On a trouvé dans le « chinatown » des thés rares, connus seulement des initiés. Il a « hacké » des cartes du Laos et du Cambodge pour notre GPS. C'est notre agent secret «particulier». Lui-même cycliste, motocycliste et grand voyageur, nous passons la grande majorité de notre temps ici en sa compagnie, à s'inventer de nouvelles missions.
J'ai essayé tant bien que mal de trouver le problème

Nos visas Thaï n'étaient valides que jusqu'au 8 décembre 2012 et nous envisagions de descendre au sud-est, jusqu'à l'île de Ko Chang avant de traverser au Cambodge, juste à côté. Nous n'avions parcouru que 60 kilomètres en quittant le quartier de Deaw, que Tesla, la moto de Deniz se met à rouspéter, à s'étouffer. Je démonte tout le « dessus » de la moto, sans parvenir à identifier la cause exacte du problème, mais sachant tout de même que ça vient du mélange air/essence : trop d'air.
La monture retourne à Bangkok en "ambulance"

Quelques heures plus tard Deaw débarque à la station de service avec une remorque et nous ramenons toute l'équipé chez lui. Le rendez-vous à l'atelier est déjà pris pour le lendemain matin, 8h am. C'est un gros conduit en caoutchouc qui relie l'alimentation d'essence à la tête du moteur qui est fendu. À 9h am BMW à Bangkok nous informe que la pièce en qui est en Allemagne ne peut arriver à Bangkok avant trois semaines, même en insistant. Passant la journée à tenter de trouver différentes solutions, à visiter différents revendeurs de pièces usagés à la recherche de quelque chose qui ressemblerait à ça, on finit par acheter le nécessaire pour faire une tentative de réparation.

On a bien chercher, mais il y a peu de pièces usagées BMW 
Quand on évoque la possibilité de contacter des « amis » dans d'autres pays je pense à Roger et lui envoi un courriel relatant la situation en début de soirée (12h plus tôt pour lui). La magie commence à se manifester. En l'espace de quelques heures, il a contacté les différents concessionnaires BMW de Montréal qui n'ont pas cette pièce en stock... zut! Qu'à cela ne tienne : il l'a défait sur la moto d'Elza, sa concubine, (même modèle, même année, coïncidence?) et nous l'envoi par FEDEX illico. Je lis toutes ces étapes dans ma boîte de courriel à mon réveil et je n'en croit pas mes yeux! Le Père Noël est passé plus tôt cette année!

Entre temps Deniz et moi avons élargi notre diffusion média: un blog commun plus axé sur les technicalités du voyage,
http://theearthunderourwheels.blogspot.com/2012/11/our-beloved-motorcycles-take-plane-from.html
et une page facebook où on poste des photos et des commentaires régulièrement.
http://www.facebook.com/TheEarthUnderOurWheels
Les deux sont en anglais pour une diffusion plus large, une plus grande interaction et l'accessibilité à un plus grand nombre, mes lecteurs/lectrices ne m'écrivant pas beaucoup. C'est une invitation que je vous lance! Saisissez-la !