29 décembre 2010

La Mer et le Désert

Déjà deux semaines que j'ai quitté le sol français avec ma Marseillaise toute fraîche. Le matin de mon départ j'ai patiné un peu afin de laisser l'appartement de Martina et Jean dans l'état dans lequel ils me l'avaient gentiment prêté. Après trois semaine sans faire de bagage, j'avais fini par m'éparpiller un peu et je ne voulais surtout pas « manquer le bateau ». Je ne garderai pas un « souvenir impérissable » de la croisière qui m'amena à Tunis.
 Le Carthage fut sans doute un navire splendide à la fin des années 90. Il peut accueillir 660 voitures et 2200 personnes. J'avais opté pour une cabine partagée, hommes (avais-je le choix sur cette dernière option?). J'ai ainsi fait la connaissance de trois sympathiques tunisiens, dont Azize en compagnie de qui j'ai passé la majeure partie du voyage. C'est, paraît-il, souvent complet pendant la belle saison. Heureusement pour moi, et pour tout le monde, ce n'était assurément pas la belle saison en plus d'être un jour de semaine. Et nous quittâmes Marseille avec deux heures de retard, malgré le fait que nous n'étions que trois centaines de personnes et un peu moins de deux cents véhicules. Bien que le soleil se soit timidement montré le bout du rayon, par le temps que nous larguions les amarres il faisait un temps à donner envie aux canards de migrer.
 Après avoir sautillé une dizaine de minutes sur le pont en regardant Marseille s'éloigner nous sommes rentrés au chic bar/café pour y passer de nombreuses heures. Vers 22h une musique autrefois sulfureuse a jaillit des haut-parleurs et des petits projecteurs aux couleurs défraîchis se sont mis à clignoter plus ou moins au rythme de la musique, comme pour inviter une foule aujourd'hui d'âge mûre, à se trémousser sur une piste de danse qui a connu, jadis, des moments endiablés. La nuit venue, lorsque la majorité des passagers qui ne sont pas incommodés par les ronflements de leurs co-chambreurs réussissent à dormir, le capitaine pousse les machines à fond. Tout le navire vrombit ainsi, chevauchant les vagues dans un roulis réconfortant en traversant la Méditerrané pour nous mener au petit matin en vue des côtes tunisiennes.
En débarquant du navire ne reste plus qu'une toute petite vérification douanière à subir, la majeure partie de cette tracasserie administrative ayant été faite à bord du bateau la veille. À peine ai-je roulé le caoutchouc de ma Marseillaise sur le bitume maghrébin, que je ressens déjà toute la différence de cet univers millénaire et ensablé. À partir de la Goulette, c'est le nom du port, j'ai pris la direction de La Marsa pour aller rejoindre mon bon ami Nawfel que je n'avais pas vu depuis cinq bonnes années. Nawfel est un tunisien qui est venu étudié au Canada il y a vingt-cinq ans et qui est resté à Montréal une bonne quinzaine d'années je crois. Nos retrouvailles m'ont beaucoup ému. Il m'a aidé à trouver un joli petit appartement meublé pour les deux mois que je passerai ici. Je suis à trois minutes de chez lui, pas loin de la mer. La Marsa est une petite banlieue chic de Tunis, entre la mythique Carthage et Gamarth. C'est à environ quinze minutes du centre-ville de Tunis et rempli de petits cafés, de bons restos, etc... J'ai donc dormi « chez-moi » dès la première nuit. L'appartement est au troisième étage d'une chic villa qu'un jeune couple vient tout juste de terminer de faire construire. Je suis donc le premier à l'occuper. Faten, la dame du couple, l'a aménagé avec beaucoup de soins en prévision d'y installer sa fille, dans quelques années. Les grandes fenêtres, les balcons et la terrasse immense nous offrent une vue imprenable sur les alentours: la grande mosquée de Carthage, la colline de Sidi Bou Saïd et jusqu'à Tunis qu'on aperçoit au loin par temps clair.
N'est-ce pas l'endroit idéal pour y recevoir le plus beau des cadeaux que la vie puisse m'offrir? Or il est arrivé ce merveilleux présent tant attendu. Juste avant le Réveillon. Après avoir traversé l'océan, le désert et les sommets de l'Atlas, après avoir dû, malgré elle, passer une nuit dans un grand hôtel de Casablanca, elle est enfin débarquée jeudi le 23 décembre à 11h30 et nous nous sommes tombé dans les bras longuement: ma fille adorée, Lili Rose, vient manger le couscous avec moi pour un mois! On a déjà plusieurs projets en route, dont une méharée (excursion dans le désert à dos de chameau) et un incontournable spa/hamam.
Avec la fin de 2010 qui clignote au bas de la page, vient l'heure des bilans de tout acabit. Comme c'est aussi la fin d'une décennie, l'exercice prend de l'ampleur et un tout autre sens.
Cette année aura été pour moi la pleine réalisation de ce projet fabuleux qui m'a propulsé dans une autre façon de vivre. Je ressens aujourd'hui la plénitude et l'entièreté du moment présent, comme je ne l'avais jamais ressentis auparavant. Je croyais pouvoir donner un sens à ma vie en entreprenant ce périple et je prend conscience que rien de ce que je fais ou ferai n'y parviendra puisque la vie EST le sens. Tout au plus mes choix me la rendent triste, amère, palpitante ou joyeuse, c'est selon. La vie d'un homme, entre le moment où il naît et sa fin, ne serait-elle qu'un long détour? Je ne sais pas combien long sera le mien, mais j'en savoure maintenant chaque virage. Chacune des personnes rencontrées sur ma route me permettant de découvrir un peu plus qui je suis.
Pour 2011 je vous invite à faire la connaissance de quelqu'un: allez vers un(e) inconnu(e) avec l'esprit ouvert et découvrez ainsi une facette de votre personnalité jusque là tapie au fond de vous.
Assez de philosophie! Maintenant réjouissons-nous!

21 décembre 2010

Anonyme

Je reçois de plus en plus de commentaires sur mes écris et je trouve ça très stimulant. Par contre, si vous choisissez de le faire en signant "Anonyme", il m'est totalement impossible de savoir qui est cette personne qui me louange et qui m'encourage à continuer, ni de vous répondre de quelque façon que ce soit.
Alors ne soyez pas gêné! (À moins que vous n'écriviez quelques chose de salace...je comprendrais)

I'm getting more and more comments about what I write and find it very stimulating. But if you choose to publish under "Anonymus" it is absolutely impossible for me to know who's that person who encenses and encourage me to keep going, neither to answer by anyways.
So please don't be shy! (Unless you're writing something dirty... I'd understand)

29 novembre 2010

De neige et de sable

 Depuis mon retour à Marseille j'éprouve une curieuse sensation. J'ai d'abord pensé que c'était les suites de l'accident, que j'avais un grand besoin de repos. Il y avait sans doute un peu de ça aussi...mais les jours passant je crois avoir trouvé la source de mon manque d'énergie: L'HIVER, kaltorrr!!!
La météo marseillaise est assez poche depuis deux semaines. Pluie, grêle, plutôt froid pour la saison, et même de la neige dans les montagnes qui sont à peine à 40 kilomètres au nord. Mes amis(es) français(es) passent leurs temps à dire: «on sait bien! Pour toi le canadien, c'est pas froid 5°C...» Et bien détrompez-vous !!
J'ai un furieux besoin de m'emmitoufler, d'hiberner jusqu'à ce que j'hiverne vers le sable chaud.
Après avoir généreusement contribué depuis 45 ans, je me fais une immense joie, pour une fois, que dis-je, un plaisir incommensurable, de ne pas avoir à subir les affres de l'hiver toute une année durant. Plusieurs me demande si ça va me manquer, les joies de l'hiver: PAS UNE TABAR...OUETTE DE MINUTE! Ne vous méprenez pas, je n'ai jamais haït l'hiver. J'en ai même tirer un certain plaisir en pratiquant, sur une période de 45 ans, presqueTOUS les sports et activités qui peuvent rendre cette saison somme toute agréable.
Je garde, par contre, un vif et douloureux souvenir de mes expériences professionnelles hivernales. Ça paraît bien amusant, pour plusieurs, de faire du cinéma dehors, en hiver. Les résultats ont toujours l'air de moments heureux.
 La p'tite famille qui joue dehors bien chaudement habillé par une belle journée d'hiver ensoleillée, c'est toujours bon vendeur pour la pub de mitaines. Sauf que pour avoir ce résultat il faut se lever à 4h du matin, partir et déglacer la voiture, passer 12h à faire le pied de grue dans un mélange de slush ou enfoncé dans la neige jusqu'aux couilles avec des trépieds de métal qui te gèlent les mains, même à travers les mitaines à $100 que tu viens d'acheter. Ou encore la fameuse scène du petit couple qui s'embrasse sur un banc de parc pendant qu'il tombe une petite neige bucolique à la tombée du soir. Tellement mignon! Pour celle-là il faut tourner une bonne partie de la nuit, à -40°C avec le facteur éolien, changer 4 fois les feutres de tes bottes d'expédition polaire et finir par sortir les câbles électriques de sous la glace à la hache parce qu'ils se sont enfoncés en faisant fondre la neige. Rendu là, les 14 espresso et le Red Bull n'ont plus d'effet du tout du tout du tout...
Alors pour toutes ces raisons et bien d'autres encore, NON, ça ne me dérange pas pantoute de pas faire de patin ou de ski cet hiver. J'ai plutôt envie de tenter une expérience singulière: j'aimerais semer des pissenlits dans le désert, de la Tunisie jusqu'à l'Égypte. J'entends déjà s'élever les voix de ceux et celles qui sont persuadés que ça ne fonctionnera pas; JE M'EN CONTRE...PLISSE ! J'va pelleter du sable à 30°C avec une pelle-jouet en plastique. J'vais même le faire tous les matins en guise de compassion pour ceux et celles qui le font avec de la neige, pour aller travailler avec leur voiture tous les jours. Alors auriez-vous l'amabilité de m'envoyer un sac de graines de pissenlit SVP, la variété m'importe peu...mais jaune surtout.
Suite à mon accident, j'en ai profité pour consulter une ostéopathe parce que mon épaule demeurait douloureuse: elle m'a apprit que j'avais une côte de cassée. Pour ça on ne peut rien faire et il faut ne rien faire pour que ça s'arrange. J'ai choisi d'utiliser ce temps libre pour transformer ce blog en site internet. Ça change pas grand chose pour vous, sauf l'adresse si vous l'aviez déjà mise dans vos favoris; www.capitainepopov.com . Vous remarquerez au passage les petits changements.  C'est pour me permettre de vous offrir un contenant plus attrayant, vu le succès de cette petite entreprise. C'est aussi la raison pour laquelle certain d'entre vous (ceux qui m'avaient pas encore écrit un petit quelque chose...) ont reçu un courriel leur demandant s'ils désiraient conserver leur abonnement. Tout sera prochainement automatisé ! Et oui! C'est aussi ça la technologie! Et bientôt, avec le 3D, j'vais même pouvoir vous envoyer une poignée de sable avec ça! MDR!

Je pars donc incessamment rejoindre mon ami Nawfel qui habite Tunis. La traversée de la Méditerrané se fera sous forme de mini-croisière (22 heures, de 5°C à 20°C YESSSS!). Ce sera pour moi une étape prolongée puisque je dois y préparer la suite de cette aventure. Plusieurs des pays vers lesquels je me dirige demandent des visas et autres procédures diplomatissantes
 Ma fille adorée vient aussi m'y rejoindre le temps de son long congé scolaire. On va tous les deux attendre de pied ferme le gros bonhomme rouge tonitruant et ses coursiers alambiqués, entre deux dunes de sable brulant.
Je vous laisse sur les images de Loïs qui en a encore pour quelques années à apprécier le joufflu couperosé.


Salam alikoum

21 novembre 2010

La Noce

 J'ai enfin épousé ma Marseillaise ! À force de patience et d'imagination, elle a cédé à mes avances...ou serait-ce moi qui ai cédé aux siennes? Pour cela, j'ai pratiquement dû prendre pays. La voici donc. 

Mis-à-part quelques accessoires qu'elle a en plus, elle est en tous points identique à sa défunte sœur allemande, Fraülein. Les technicités administratives ont été un peu complexes à résoudre, et j'ai dorénavant une adresse et un compte en banque à Marseille grâce à mon amie Aziyadé. Elle a d'ailleurs dû prévenir son amoureux que mon nom serait sur sa boîte aux lettres pour éviter le quiproquo.
J'ai bien tenté par tous les moyens possibles d'éviter de participer aux avantages sociaux français (TVA), mais ça compliquait beaucoup les choses au niveau de l'immatriculation pour le reste du voyage. À un certain moment j'ai même faillit prendre l'avion pour me rendre en Belgique, qui semblait plus flexible vis-à-vis ma situation. Je n'attend plus que son passeport canadien pour pouvoir poursuivre l'aventure.
Toute sa famille (BMW Marseille) a fait preuve d'une grande sollicitude à mon égard: à commencer par Stephane mon conseiller commerciale (vendeur), Claudine à l'administration et enfin Yannick, le chef d'atelier, que je ne remercierai jamais assez. J'avais demandé à avoir accès à un espace intérieur pour pouvoir procéder à l'installation des accessoires (dispendieux) que j'avais récupéré sur le cadavre de Fraülein. L'atelier étant restreint aux employés uniquement, pour des questions d'assurances, il a fallut improviser. Stephane, s'étant commis à accéder à ma demande, m'a gentiment installer dans la salle de montre, sous le grand escalier, derrière un écran publicitaire. C'est là que je l'ai complètement déshabillé pour la première fois. En m'apercevant à la dérobé, plusieurs personnes m'ont tour à tour proposé un boulot à l'atelier, que j'ai décliné avec mon plus beau sourire, mon seul désir étant de convoler avec elle le plus tôt possible.
J'ai mis un jour et demi à tout fignoler, avec l'aide précieuse de Yannick. C'est au moment d'enfiler mon casque, pour la première fois en trois semaine, que j'ai ressenti une vive émotion: veux/veux pas une petite appréhension s'est emparé de moi en revoyant dans ma tête le choc de l'accident. Après cinq cents mètres c'était disparu et j'évaluais déjà les ajustements à faire. Mon épaule et mon bras gauche m'apparaissent encore fragiles, voir douloureux lors de certaines manœuvres, mais je dispose encore d'une dizaine de jours pour rouler sans tout le bagage et permettre aux muscles de se refaire une santé.
J'ai toujours l'intention de faire un détour par la Corse avant d'aller passer les Fêtes en Tunisie. Ce qui me forcera à faire une petite croisière sur la Méditerrané dans les prochaines semaines; ce sera notre voyage de noce.
Pour l'instant, je cuisine et je fréquente la salle obscure du coin de la rue, assidûment.
Toute cette mésaventure n'arrive certainement pas sans raison. Bien que je n'en ais pas encore saisi toute la portée, elle m'a déjà permis de prendre conscience de différentes choses. Tout d'abord la gentillesse et l'empressement à m'aider de toutes les personnes qui ont croisé ma route. J'ai été surpris, voir parfois embarrassé, par tant de générosité spontanée. Consolez-vous car, contrairement à ce que l'on imagine souvent, il y a beaucoup plus, chez les êtres humains, de bienveillance que de mauvaises intentions.

Ensuite, les quatre mois qui viennent de passer ont été un sérieux entraînement pour la suite de mon périple. Je suis désormais plus nomade que sédentaire, ce qui a entièrement transformé ma façon d'apprécier certains détails de la vie, comme de pouvoir cuisiner, faire la lessive, toutes ces petites choses qu'on finit par faire sans y prêter attention.
Et vous? Quel serait donc le petit aspect du quotidien qui vous manquerait le plus si vous viviez dans une valise, sur une moto?

11 novembre 2010

Aye aie aille!

 Il y avait l'Espagne devant moi, avec toutes ses promesses de soleil, de femmes enflammantes, d'architectures regorgeant d'histoires qu'on imagine nobles et grandioses. Barcelone était à la hauteur de la fiereté catalane. Je l'ai parcouru encore et encore, dans tous les sens, à la recherche de ces trésors cachés qu'on ne découvre qu'en s'y fondant. J'ai bien sûr fait connaissance de ses facettes les plus vedettes, sont petit côté jet set. Mais il n'y a rien comme les petites besognes quotidiennes pour entrer en contact avec la véritable personnalité d'une...ville. Fraülein avait aussi besoin d'une petite visite à la clinique, avant de poursuivre notre route. Ignacio, le tenancier français d'un petit atelier de moto, l'a bien bichonnée.
D'avoir quitté Marseille, que j'ai tant apprécié, m'a laissé comme un vide, un sentiment qui ressemble à celui qu'on éprouve après avoir quitté une femme qu'on a aimé. J'ai donc un peu erré dans Barcelone à la façon d'un amant désabusé. J'ai fini par chercher réconfort auprès de mon club select d'amis(es) de Bill. L'effet a été instantané ou presque; mon impression d'isolement a doucement disparu. J'y ai même rencontré un vieil ami dont j'avais, brièvement mais intensivement, fait la connaissance il y plusieurs années.
J'ai habité, pendant une quinzaine de jours, chez la senora Malvina. Une sympathique dame dans la soixantaine qui vit avec son fils Albertino, grand garçon gâté dans la trentaine. Leur appartement, dans une tour d'habitation chic, au cœur d'un quartier en plein développement, est situé à 200m de la plage. Mme Malvina, qui parlait très bien français, m'a donné quelques leçons d'espagnole. J'me suis donc mis en tête de parfaire mes connaissances de cette langue que j'adore, qui ressemble tellement à la nôtre finalement. Mais il y a les idiomes et Barcelone est plutôt Catalan; c'est un peu comme un français qui essaierait de comprendre un gaspésien lui expliquer comment on pêche le bigornot. J'ai commencé à lire un roman en espagnol, puis aller voir des films; la caissière du cinéma m'a gentiment fait remarquer que le film était en espagnol, quand je lui ai fait répéter deux fois ce qu'elle me disait...yes yes señorita, quiero aprender.
Après dix-huit jours de Barcelone, le temps était venu de partir à la découverte du reste de ce pays fascinant et chaleureux. Sans compter que le thermomètre du sud était très invitant. Depuis le début de mon aventure j'ai tendance à préférer les routes longeant l'océan; le paysage y est toujours d'une splendeur qui remplit mon âme de calme et de sérénité, j'ai l'impression de faire de la méditation contemplative. À cette période de l'année, les petits hameaux sont désertés par la faune touristique qui les animent en d'autres temps. 
On y retrouve les seuls habitants qui respirent enfin à un rythme plus approprié aux lieux. C'est dans un de ces petits villages, aux allures presque fantomatiques, que c'est arrivé. Le soleil était sorti, lui qui était resté caché presque toute la journée. Le village semblait presque abandonné tellement il n'y avait rien ni personne. J'admirais les petites maisons typiquement espagnoles qui bordaient la route et tout à coup PAF! cette fourgonnette, sorti de je ne sais où, m'a frappé, fort. Le temps de penser à une dizaine de conséquences (un million tellement la pensée va vite et que tout semble se passer au ralenti) et je suis étendu par terre en maudissant mon inattention. Je commence par remuer mes membres un à un; tout bouge, mais l'épaule gauche grince beaucoup beaucoup. Je finis par me relever doucement. La moto est un désastre; les valises toutes tordues, l'avant semble avoir été touché durement. La police, l'ambulance et tout le tralala... Un des policiers parle français et il me promet de s'occuper de tous mes bagages avant que je parte pour l'hôpital le plus proche situé à une trentaine de kilomètres de là.
J'ai l'occasion de pratiquer mes nouvelles notions d'espagnol à plusieurs reprises avec des infirmières ma foi très mignonnes; eh oui! même (surtout) dans les pires situations, les gars, on pense juste à ça! Comme je n'avais rien de bien grave, on m'a mis dans un taxi afin de retourner là où était resté mes bagages et ma défunte Fraülein. Quand on la regarde comme ça, ça paraît pas si pire: mais elle est sur la béquille centrale, la direction tordue dans les deux sens. Irrécupérable!
J'ai fini par passer cinq jours dans le très charmant petit village d'Ampolla, dans le delta de l'Ebre. Les gens de l'hôtel, le garagiste où la moto a été remorquée, le policier qui est motard aussi, tout le monde a été d'une gentillesse touchante pour le loco chico qui fait un grand voyage. 
Me voici donc revenu à Marseille pour faire l'acquisition d'un clone de Fraülein; impossible à faire en Espagne, mon ami Robert, le gentil policier, s'est renseigné pour moi. On verra bien si la bureaucratie française sera plus ouverte! Martina et Jean ont accepté, dès qu'ils ont su ma mésaventure, de me prêter à nouveau leur appartement marseillais, afin que je puisse faire le nécessaire. Aziyadé est d'une générosité incommensurable; j'ai pas pu accepter qu'elle me prête sa moto, alors elle m'a offert sa voiture, l'imprimante/scanner quand j'en ai besoin, un garage pour installer les accessoires que j'ai récupéré, etc... Elle m'a même mis au défi de demander quelque chose qu'elle ne pourrait trouver! Je lui ai demandé de me faire rencontrer une femme libre, qui fait de la moto et sans fard (dans l'ordre)... Elle y travaille très fort. Hasta luego

16 octobre 2010

La Marseillaise

 Je sais, aujourd'hui que je suis sur la bonne route: il ne peut y avoir aucun doute quand on suit ce plan-là.
En partant de Marseille, je me suis rendu compte que je m'étais beaucoup attaché à cette ville, ces gens, cette petite vie à laquelle j'ai eu vite fait de m'installer. Mon rendez-vous spirituel presque quotidien avec le yoga, mes ballades à moto dans des lieux émouvants de beauté, tout ça m'a permis une agréable pause dans ma routine de voyageur. Le simple fait de ne pas avoir à charger ma mule et d'enfiler mon armure le matin pendant douze jours, c'était un peu comme des vacances.
Le peu de temps passé avec Aziyadé et ses amis(es) fut des plus agréable. On a fait une randonnée magnifique. Je me suis habitué à rouler doucement et j'arrivais difficilement à la suivre dans les petites routes en lacets, à travers les montagnes. Je ne le souhaitais pas non plus; j'ai pris goût à admirer le paysage... J'ai fait la connaissance de Bernard et de son bateau, de Sylvie motard et marseillaise (ou plutôt l'inverse) et de Lorraine.
Heureusement que j'ai pu prolonger un peu mon séjour (2 jours) parce que le jour prévu de mon départ, il a fait une tempête dont plusieurs parlent encore, dans les villages de la côte. Sans parler que Caliméro et moi aurions raté la manif à Marseille; y a pas à dire, les français sont très forts dans le domaine de la mobilisation en tout genre.

Au matin prévu du départ, il pleuvait encore un peu. Par le temps que Fraülein soit bien chargée, la pluie avait cessé, mais le soleil n'était toujours pas au rendez-vous. Il m'a fallu rouler jusqu'à Camargue avant que les premiers rayons ne viennent me réchauffer un tantinet. Camargue c'est un immense parc régional. C'est aussi là qu'on ramasse à la main la fleur de sel et j'ai bien faillit aller dire bonjour à Pierre et Serge qui la ramassent pour nous. Ça faisait changement de rouler sur des routes droites pendant des douzaines et des quinzaines de kilomètres, ça m'a permis de faire ma méditation du jour... Il y avait plein de chevaux dans les champs mais ils étaient absolument tous blancs: comme si on leurs avaient fait un bleach. M'étonnerait pas qu'il pleuve du peroxyde dans cette région là! Il y a des recoins assez industrieux dans les parages... Tiens! Ça expliquerait peut-être pourquoi ils trouvent des fleurs de sel?
Après le parc régional de Camargue, la route de Sainte-Marie-de-la-Mer jusqu'à Le Grau-du-Roi (non je n'invente rien!) traverse un réseau d'étangs et de bassins gigantesques ou j'ai aperçu des troupeaux de flamands roses qui faisaient trempette. J'ai même roulé sur la mer (un peu comme Jésus qui marchait sur l'eau) lorsque la route, qui passe entre la mer et les étangs, était submergé à certains endroits, . J'ai pas pu m'arrêter pour prendre la photo qui prouverait mes dires, alors vous aller devoir avoir de la FOI ! De Sète, en passant par Perpignan et jusqu'à Barcelone, c'est beau comme ça se dit pas! Des flancs de montagnes couverts de vigne en ligne jusqu'à la mer, des villages juchés sur des pics de roc ou nichés au fond des calanques, l'homme et la nature (ou plutôt l'inverse) se sont surpassés! 
La majorité des petites villes que je traversais étaient comme assoupies après l'effervescence des vacances. Ne reste plus que les résidents et quelques retraités qui reprennent leur souffle un peu avant l'hiver et la Méditerranée qui n'arrête pas d'être bleu à force de faire des vagues. Les amateurs de kite et de planche à voile s'en donnaient à cœur joie avec ce vent qui, lui, soufflait à plein temps.
J'ai reçu quelques courriels qui me rappelaient le superbe spectacle automnal québécois et ça m'a donné des petits gaz de schiste (lol). Il ne m'en fallait pas plus pour avoir envi de savoir comment ça se passe la rentrée chez vous? J'ai plus de difficulté à sympathiser avec les français qui sont au prise avec Sarkozy que mes pÔÔÔvres compatriotes dans le caca jusqu'aux trous de nez, avec Stephen Conservharperrrrr... j'arrête ça là si je veux pas être sur les listes d'éléments subversifs et pouvoir renouveler mon passeport dans cinq ans! Mais ne vous gênez surtout pas pour me faire part de vos opinions: je le dirai à personne...

05 octobre 2010

Peuchère quel patelin!

 Ah beng! Putaing! diteu donc, c'est joli Marseille! (vous devez lireu avé l'assent marseillais pour bieng apprécier... lol) 

Au dire d'Aziayade, Marseille est comme une pute: un peu vulgaire, aguichante, chaotique par moment, mais franche et très attachante. Aziyade est une kiné/ostéo multi thérapeute qui a travaillé une heure et demi sur mon épaule sans accepter que je la rétribue. Elle est d'origine franco/marocaine et vit à Marseille depuis plusieurs années maintenant. Elle conduit sa moto Triumph comme un voyou dans les rues de Marseille, se faufilant entre les rangées de voitures qui attendent le feu vert ; je dois dire que je m'adapte assez bien à la conduite marseillaise. C'est un véritable capharnaüm à l'heure de pointe. Mais c'est fou comme le trafique prend une tout autre dimension quand on a tout son temps... Je réalise, en vous en parlant, que mon impatience au guidon est doucement en train de disparaître. Serait-ce un signe?
Les motards français sont définitivement très accueillants(es), une espèce de fraternité très solidaire. Pervenche, Yann et leur petit bonhomme Gabin (cinq ans), m'ont gentiment hébergé dans leur nouvelle maison, à Violès, tout à côté de Gigondas, pendant presque une semaine. J'en ai profité pour explorer une des régions les plus magnifique de France: le cœur de La Provence. Les vendanges viennent tout juste de commencer. L'activité vinicole bat son plein. Les petits tracteurs tirants des wagons débordants de raisin traversent les villages animés par une faune touristique très différente des vacanciers estivaux. Bien que la saison soit terminé, je vous jure qu'en traversant un champ planté de lavande je fond en dedans. Par ce qu'il y a aussi la lavande en Provence. Et les oliviers chargés d'olives. Et le saucisson, et le fromage; ça pousse pas dans les arbres mais il y en a partout et C'EST BON!!!
Ma première excursion fut donc pour Avignon. Et oui! J'ai pas pu résister de faire une photo de Caliméro «sous le pont d'Avignon». 

C'est à ce moment précis qu'un bon coup de vent a projeté Caliméro dans une bouche de caniveau; catastrophe! Mon coéquipier dans le trou! Après une ou deux tentatives infructueuses, je me décide à soulever le couvercle d'acier, et j'aperçois mon ami qui gît dans un tas de feuilles mortes, un mètre plus bas. Les nombreux touristes (des autobus pleins!) qui passaient là étaient forts surpris de me voir enfoncer dans ce trou au beau milieu du terre-plein. J'ai rapidement remis le tout en place. Après ce sauvetage in extremis on était dû pour un thé ! J'ai trouvé une petite boutique très bien approvisionnée ou j'ai fait la découverte d'un thé absolument sublime: Oolong du Yunnan au caramel au beurre salé. Jusqu'à présent,tout ceux qui ont eu le privilège d'y gouter sont pâmés ! À Avignon, j'ai appris que les papes y résidaient avant d'emménager à Rome. Ça date pas d'hier!

Après le château des papes, j'ai pensé qu'il me fallait m'élever spirituellement un peu et j'ai donc pris la route qui grimpe au mont Ventoux, en longeant les dentelles de Montmirail. À 2000 mètres d'altitude, la vue sur les Alpes maritimes est spectaculaire, mais Y FAIS FRÊTE EN TA...!!! J'y suis resté cinq minutes, le temps de prendre quelques photos.

 Il n'y a d'ailleurs rien qui pousse là. C'est comme un gros tas de roche. La route qui nous y mène par contre; waououou!!!
En partant de chez Pervenche, Yann et Gabin j'ai opté pour la petite route à travers le Lubéron, pour me rendre jusqu'à Aix et ensuite Marseille. Des kilomètres de petits lacets au creux des montagnes; SPLEN-DI-DE!
Si j'avais à choisir une ville où m'établir, dans un futur lointain, Marseille serait une sérieuse candidate. Le climat y est particulièrement agréable et il y a ici un mélange ethnique hors du commun. C'est la plus vieille ville de France: 2600 ans! Très méditerranéenne, avec ces calanques (littoral de calcaire tourmenté, abrupt et désolé, un décor de tragédie grecque).

 Et il y a un centre de Yoga Bikram que je fréquente assidument. La ferveur sportive envers le CH de Montréal est tiède en comparaison de celle des marseillais pour l'OM (équipe de foot de Marseille). Chaque jour ou il y a un match, c'est comme le temps des éliminatoires à Montréal: rues fermées, partisans scandant des slogans... C'est le petit côté chauvin marseillais. Bref j'adore! Et je continu de découvrir à chaque jour, chaque instant, des particularités, grandes et petites, qui m'émeuvent et m'émerveillent. Je savoure, pour l'instant, ce moment de répit qui me donne l'illusion de ne pas être seulement de passage. J'me sens un peu marseillais pour un temps. C'est juste bon... Prochaine destination: Barcelone! Qui vient?

25 septembre 2010

Invitation spéciale

 Les feuilles semblaient vouloir commencer à jaunir. Il pleuvait un peu quand je suis parti d'Albareto, comme si l'automne nous montrait le bout de son orteil, avant le grand coup de pied. J'me suis dit qu'il fallait partir avant qu'il neige, alors aussi bien braver la petite pluie fine maintenant. Tout au long de cette journée, j'ai joué au chat et à la moto avec la pluie. Elle était soit devant ou derrière moi, quelques gouttes de temps en temps m'incitaient à ne pas m'arrêter. En arrivant sur la Riviera, le soleil se faisait plus présent. Mon cuir et mon cœur étaient bien réchauffés quand je me suis arrêté pour la nuit à Andora. Y a pas à dire, les palmiers ça fait son effet. Je suis parti vers la Côte d'Azur de bon matin, sous un soleil pétant. La Méditerrané brillait de mille feux par ce matin radieux. C'est en traversant un tunnel qu'on se retrouve tout à coup en France.

Parlant de tunnel,... je soupçonne les italiens d'avoir eu une machine à tunnel en cadeau de Noël; ils en ont fait partout. Bon! Il faut admettre qu'ils ont aussi beaucoup de montagnes et que de toujours en faire le tour ça peut devenir lassant si on conduit pas une moto. C'est par contre amusant quand je demande à GPs de me faire une route: ça ressemble d'abord à un gros barbo à cause de tous les virages en épingle, et puis, tout à coup,ZIP! un trait bien droit qui annonce un tunnel. J'ai eu droit à un barbo de 20 kms dernièrement, en traversant les gorges de la rivière Nesque: ma-gni-fique! J'étais crampé de rire!
En traversant Monte-Carlo et la principauté de Monaco, j'me suis fait un cinéma dans ma tête; j'étaitun genre de James Bond à moto et je sautais sur le pont de mon yacht pour impressionner la belle, sauf qu'il y avait pas de méchant. Des belles par contre...
J'ai longé cette Côte d'Azur au plus près de l'eau que je le pouvais. Si mon maillot de bain avait pas été si loin dans mon sac, j'me serais volontiers baigné en passant Nice. Le soleil commençait à chauffer sérieusement rendu à Cannes. Quand j'ai vu la Croisette, j'ai pensé que je devais être un des rares techniciens de cinéma à s'y être rendu. «Et le gagnant est:???....parti».
Après Cannes, j'ai plongé dans les Alpes maritimes pour rejoindre Max à Barjols. Barjols est un splendide village niché dans les montagnes, où se sont établi bon nombre d'artistes et d'artisans, dont John Harris et Christiane Ainsley, nos hôtes québécois. Ils ont racheté une partie d'une ancienne tannerie qu'ils ont transformé en atelier/loft/galerie (5 étages !!!) absolument fantastique.

 Max et moi avons dès le départ sustenté les papilles gustatives de nos hôtes distingués en leur préparant un souper gastronomique: figues fraîches enrobées de proscuito, pour commencer, suivi d'un saumon à l'oseille accompagné de son riz aux légumes façon thaï. J'omets volontairement les breuvages et le reste pour éviter que certains ne bavent sur le clavier...Une équipe du tonnerre! Une si belle cuisine, on ne pouvait tout simplement pas passer à côté...
Pour digérer tout ça, j'ai dû m'activer un peu. Peu de mots arriveraient à décrire le spectacle majestueux de la traversée des Gorges du Verdon. La rive droite d'abord, la rive gauche ensuite, question de toujours rouler sur le côté falaise de la route et de sentir l'agréable vertige qui nous submerge constamment. C'est sans contredit une des plus belles randonnées que j'ai fait jusqu'à présent. Une soixantaine de kilomètres à couper le souffle, complètement grisante à moto. Fraülein ronronnait d'aise.


Comme le calendrier culturel de John et Christiane est bien rempli, j'ai quitté ce haut-lieu pour faire une petite visite à Pervenche et sa sympathique petite famille, dans la vallée de la Côte-du-Rhône. 

Mais avant de partir de Barjols, j'ai eu l'idée de passer un peu de temps à Marseille. Par un heureux concours de circonstances, Christiane a des amis qui possèdent un appartement en plein cœur de Marseille. Ils ont gentiment accepté de me le louer pour une trrrrrrrès modique somme pendant dix jours; si quelqu'un d'entre vous a un trou dans son horaire, du 1er au 10 octobre, sautez dans un avion! Dix jours sur le bord de la Méditerrané pour une bouchée de pain, avec du fromage bien entendu... avouez que vous êtes tenté? Pas tous en même temps!!!

17 septembre 2010

La Dolce Vita

Après être arrivé à Chamonix j'avais l'impression que j'avais parcouru les routes les plus trippantes qui peuvent exister pour un motard dans l'âme. Je suis aujourd'hui certain que les bottines des italiens sont très bien ajustées parce que les routes en lacet sont serrées en titi!  J'ai choisi de traverser en Italie en empruntant LE tunnel qui passe sous le Mont-Blanc et qui fait 12 kilomètres de long; oui oui 12 KILOMÈTRES!
 Une chance que j'avais la musique dans mon casque parce que le paysage n'est pas très changeant. Au sortir du tunnel j'ai, une fois encore, opté pour les toutes petites routes qui longent le flanc des montagnes du côté italien des Alpes et là mes amis(es) c'était le pied total!   Les maisons avec leurs toits de pierres, les cultures de vigne en terrasse regorgeant de raisin, les villages qui ont l'air d'avoir mille ans, j'en ai versé une larme d'émerveillement.  Je me suis attardé à quelques reprises dans les petits cafés pittoresques qu'on ne manque jamais de trouver dans chaque village; trois chaises en plastique avec un vieux monsieur à casquette accoté sur son bâton de marche, c'est l'enseigne évidente d'un excellent café. On y échange peu de mots, mais on y ressent immédiatement la solidarité toute masculine qui empreint ces lieux sacrés.  Je suis finalement arrivé à Milan plus tard que je ne le voulais. Comme je n'avais prévu que d'y passer la nuit, je n'ai eu qu'un tout petit aperçu de ce qui m'a semblé être une ville magnifique; ce sera pour une prochaine fois. Comme j'allais rejoindre ma maîtresse, je n'avais pas de temps à perdre...
 Il y a deux village d'Albareto dans la province de Parme et GPs a choisi celui situé dans les champs alors que celui où je cherchais à me rendre était situé dans les montagnes, à environ 45 kms de là. J'ai  fini par trouver cette très charmante petite maison où ma maîtresse m'attendait, deux heures plus tard. Ma maîtresse, Rosetta, m'a enseigné en première année, au primaire, lorsque j'avais 5-6 ans.  Avouez que vous pensiez à autre chose?   Une bonne partie de sa famille avait émigré au Canada, dans le coin de St-Jérôme et Ste-Sophie d'où je viens, dans les années 50-60. Beaucoup d'entre eux ont hérité ou racheté les maisons de leurs ancêtres et y viennent en vacance. C'est tissé encore plus serré que les routes en lacet, les familles italiennes. Il y a plein d'oncles, de tantes, de cousines et j'en passe, qui habitent sur ce flanc de montagne. L'histoire des Tomasselli remonte jusqu'au seizième siècle! La cousine de Rosetta, Sylvie qui habite la porte à côté, a travaillé à l'hôpital Hotel-Dieu de St-Jérôme, où j'ai séjourné pendant 6 mois, quand j'avais trois ans. En recoupant les dates et ses attributions, nous en avons conclu qu'à cette époque elle m'a nourri à quelques reprises. Le cousin d'en face, Gino, a fait campagne électorale avec mon père. Et presque tout ce beau monde parle québécois! J'avais rendez-vous avec mon passé.


 Je suis tombé en plein milieu du festival des CHAMPIGNONS. Ici c'est pratiquement une religion. Les médecins parlent même de miracle pendant cette période: personne de malade. Certains partent aux aurores dans la montagne, à la recherche des plus magnifiques spécimens de bolet et autres espèces comestibles. Il y a des journées réservées aux seuls habitants locaux qui doivent montrer leur carte d'identité au garde-champignon, sous peine d'amendes si on n'est pas du village. Il y a eu cinq milles visiteurs à la Foire du CHAMPIGNON, en fin de semaine. Dimanche, j'en ai profité pour aller faire une petite ballade et aller voir la mer. J'ai dû faire quelque chose de bien récemment parce que le dieu Moto a mis une route sous mes roues absolument extraordinaire, spectaculaire, bref au-delà de ce que j'avais pu imaginer possible. Après une heure et demie de sport et d'émerveillement, on aperçoit la Méditerrané qui vient remplir le vide au creux de la vallée, entre deux montagnes. Arrivé au bord de la mer, je l'ai longée jusqu'à Rapallo, un peu avant Genova.   La Toscane c'est de toute beauté!

Aucune photo ne rendra justice à la splendeur de ces paysages. L'Italie est belle, les italiennes et les italiens  sont chaleureux et très accueillants. Je profite du beau temps pour étirer mon séjour ici. Sans parler de la nourriture tout à fait exquise... Vais devoir me remettre au yoga très bientôt si je veux pas voir apparaître des traces de bombance sur mon corps d'Adonis. Ici, tout s'arrête de midi jusqu'à trois heure. Tous les commerces ferment, sauf les cafés et autres restos, le temps de vivre un peu. On comprend facilement d'où vient le concept de Dolce Vita.

 Je repars bientôt pour la Provence, rejoindre Max pour quelques jours, avant de continuer vers l'Espagne. Les nuits fraîches me rappellent que l'automne s'insinue doucement et j'entends la route qui m'appelle, encore une fois.  

05 septembre 2010

Juste pour voir comment c'est là-haut!

 Je me suis échoué à Paris comme un frêle esquif un peu ébréché. Le petit appartement de Fred et Lulu, situé à Chaville (environ 20min. au sud-ouest du centre de Paris) m'a immédiatement paru hospitalier. J'avais besoin d'un peu de chaleur humaine et de sécurité. De m'accorder encore un peu de temps pour réparer mon épaule. Durant les sept jours que j'y suis resté je ne suis allé à Paris que deux fois. Fred m'avait recommandé d'emprunter la route qui longe les quais de la Seine pour m'y rendre et en revenir; c'était absolument magnifique! J'ai aussi pris le temps de bien réparer ma valise de moto endommagée par ma chute; ça m'a donné l'occasion de bizouner un peu mécanique; ça aussi ça fait du bien...

Mes hôtes avaient prévu un BBQ avec plein d'amis(es) le lendemain de mon arrivé chez eux. J'ai donc rencontré un paquet de gens très sympathique, dont Catherine, Pierre et Sarah, les voisins d'en haut. Sans oublier Pervenche avec qui je partageais la chambre. Elle était venu faire un stage de quatre jours pour son travail. Jolie et très liante, on est devenu bon copain dès le premier soir: ne vous faites pas d'idées, elle a un chum et deux enfants. Et je compte bien faire leur connaissance lorsque je passerai près de chez eux.
Il a commencé à faire un peu froid dans la région parisienne (+ou-15°, je sais, je suis frileux...). J'ai pensé qu'il serait sage de partir un peu plus vers le sud. Sans compter que je ne voulais pas abuser et m'incruster chez ces gens si accueillants. En planifiant mon itinéraire avec Fred, j'ai opté pour me diriger vers le nord de l'Italie et de rendre visite à Rosetta, ma professeure de première année (le premier amour de ma vie!) avant qu'il ne soit trop tard; déjà septembre et Rosetta y sera jusqu'à la mi-octobre. Pourquoi pas en faisant un détour par Chamonix, à travers les Alpes?
Je n'aurais pu choisir un meilleur jour pour quitter Paris! J'ai d'abord dit au revoir à Lulu, qui partait travailler, puis à Fred qui m'a si gentiment aidé à réparer Fraülein et planifier mon itinéraire. L'air était frais. On ne voyait, dans le ciel d'un bleu immaculé, aucun nuage d'aussi loin que le regard pouvait porter. Tel un chevalier moderne, bardé de cuir, j'enfourchai ma monture, pétaradante et bien lestée, pour m'élancer vers les plus hauts sommets qui jouxtent la Suisse et l'Italie. Mon objectif : LE Mont-Blanc, afin de voir comment c'est là-haut.
Après plusieurs heures de plaines et de champs à perte vue, le paysage s'est lentement transformé en vallées flanquées de petits villages du millénaire précédent, étonnamment déserts. Comme si on avait abandonné toutes tâches sur le champs et fermé les volets de ces maisons presque médiévales. Bitume en moins, ne manquait que les chevaux pour y croire. Les grandes machines agricoles venaient, de temps à autre, me rappeler notre époque industrieuse.
 De toute la journée, aucun nuage n'est venu traverser le plafond bleu qui remplissait mon horizon. J'ai traversé des vallées tapissées de vignes, aux noms qui résonnent encore dans mon palais d'un passé brumeux. Au sortir de certaines collines surgissait des châteaux dont j'avais un vague souvenir d'avoir déjà vu l'étiquette. C'est une chance pour la France que je n'éprouve plus de désir pour ces nectars pernicieux pour moi.
J'ai d'abord fait escale à Autun, puis à Annecy le lendemain. Annecy est une ville magnifique au pied des Alpes, construite autour d'un superbe lac aux eaux limpides, alimenté par des sources qui descendent des montagnes. 
Dès Autun la route était particulièrement amusante. Je suis parti tôt et j'ai roulé le casque ouvert pour bien sentir l'air frais matinal . C'était vivifiant après une semaine parisienne. Et puis graduellement c'est devenu complètement grisant de rouler sur ces petites routes au creux ou au sommet de ces montagnes vertigineuses, en petits lacets qui longent une rivière, ou qui grimpent un flanc abrupte: une expérience de moto hors du commun. J'en ai mouillé mes shorts! Et puis VLAN! On débouche sur une vue du Mont-Blanc. Grandiose! Ces sommets encore enneigés (la neige ne me manque pas du tout...loin de là!) plus grands que nature; veut/veut pas c'est émouvant. Et puis Chamonix, c'est un peu beaucoup touristique, mais on comprend aisément pourquoi: c'est BEAU! Partout où on tourne la tête il y a des montagnes si hautes que les petits nuages peuvent s'y accrocher. J'en ai profité pour m'installer à une terrasse avec la vue :
Alors tant qu'à être dans un des plus beaux endroits en Europe, je me suis bêtement dit «pourquoi pas en profiter un peu». Et je me suis lancé à l'assaut des plus hauts sommets de cette partie de la planète. Sauf que je fais de la moto depuis presque deux mois et ça doit bien faire quelques années que j'avais pas marché en montagne, à 2000m d'altitude, pendant six heures consécutives. J'étais un peu racké le lendemain matin! Me suis dis qu'une autre petite marche sur le flanc opposé au Mont-Blanc, terminerait bien mon entraînement. Six heures plus tard et 14 kms plus loin, après avoir descendu 1200m de dénivelé ben ça fait pas moins mal. J'ai fait le plein d'air frais, bu de l'eau glacial qui sort de la montagne, entré dans une grotte creusée à même le dernier glacier existant à cette hauteur, bref je suis exténué, bien bronzé, mais complètement béat.

 En partant pour l'Italie demain je vais emprunter le tunnel qui traverse cette fabuleuse montagne; 25 minutes de route environ et je serai en Italie en passant en DESSOUS des Alpes. C'est tu pas merveilleux ! Premier escale; Milan!