31 juillet 2010

Les premiers Au revoir

Dernière journée à Berlin, la magnifique, l'extravagante, la charmeuse, l'enjoleuse, la grunge, l'aguichante, la ville qui se prête à tous les qualificatifs possibles tellement on y trouve ce qu'on imagine et même ce à quoi on avait pas pensé. J'ai pris des millions de photos dans ma tête, imaginé pleins d'histoires dans ces lieux qui en sont déjà remplis. J'ai senti que je pourrais aisément m'y installer pour un mois, un an peut-être? J'ai adoré m'y perdre, rouler dans ces quartiers peu fréquentés par la faune touristique, mais habités d'une vie originale, parfois déjantée. Je commençais même à y avoir mes petites habitudes, une envie crue d'en faire partie. Même au moment de quitter Berlin, j'ai été saisi par son urbanité assumée, grouillante de paradoxes.

Bien sûr, les gens que j'y ai rencontrés ont grandement contribué à ce magnétisme irrésistible. Je garderai le souvenir d'une amitié profondément sincère et simple avec Andy et Connie. Leur générosité spontannée m'émeut beaucoup: l'appartement de Connie où je suis resté toute la semaine, les nombreux repas cuisinés ensembles, leurs amis qu'ils m'ont fait connaître, le percing que Connie a insisté pour me faire gratuitement et toutes ces excursions à moto avec Andy comme guide, j'en ai le coeur débordant de gratitude. Mouna, une amie d'Andy m'a même proposé son appartement pour un mois, le temps de ces vacances en Égypte avec les enfants. Caliméro était partant lui!

Mais voilà ! L'appelle de la route se fait entendre! J'ai soudainement envie d'écouter les champs qui poussent, de goûter l'air iodé des bords de mers, de déposer mes yeux sur des paysages différents, de quitter cette ville, pourtant idyllique, pour aller en découvrir une autre.
Et me voilà soudainement, poufff! Un coup de manette de gaz, à Hambourg ! Enfin presque... J'ai quitté Berlin à 9h ce matin. J'avais préparé mon itinéraire avec GPs afin de n'emprunter que des routes secondaires ou même tertiaires, aucune autobahn. Le soleil était au rendez-vous, température idéale, c'était une journée parfaite pour faire avaler des kilomètres à Fraülein. Mes yeux en ont profité pour remplir mon cerveau d'une multitude d'images villageoises pittoresques, de paysages campagnards gorgeous (jamais trouvé l'équivalent de ce mot en français). La nature étant à son paroxysme, débordante et généreuse, j'ai savouré goulument les effluves rurales, savant mélange de fleurs, de foin et de marde. Ce fut une journée, motocyclettement parlant, paradisiaque. 

Berlin /Hambourg c'est comme Montréal/Québec. Mais en n'empruntant que les petites routes ça ajoute drôlement au temps nécessaire pour le trajet. J'ai donc fini par aboutir au centre de Hambourg vers 19h et c'est à ce moment-là que la pluie a décidé de s'ajouter au tableau. Il me fallait donc trouver vite un refuge confortable pour la nuit. Après avoir visité une bonne dizaine d'hôtels qui étaient tous complet et m'être fait dire autant de fois «Mais Hambourg est complet monsieur!» j'ai fini par apprendre que c'est un des plus gros weekend touristique de Hambourg en ce moment même! C'est une receptioniste compréhensive qui m'a aidé à trouver une chambre (enfin!) dans un petit hotel à environ 15 kms au sud de Hambourg et 2h30 plus tard. C'est donc humide, exténué et un peu perplexe quant à la durée de mon séjour ici que je vous dis Bonne Nuit! (rrrrrrrronnnnnnrrrrrrrrrrrhumfffffff...)

22 juillet 2010

Tcheuss!

Gouten Tag!

Comme la vie fait bien les choses! Si j'y met un peu du mien, bien sûr,mais pas trop! Trois jours déjà que je suis à Berlin et ma perception de cette ville extraordinaire se transforme de jour en jour et je commence à aimer beaucoup Berlin. Par l'entremise de mes amis Bill & Bob, j'ai commencé à faire des rencontres très très intéressantes; il y a Tanja (prononcé Tania) qui revient du Mexique où elle a fuit une relation catastrophique. Il y a ensuite Navid, de mère allemande et de père perse/iranien, qui est super symphatique et Andy, ex-junkie, 6'4pc, yeux bleus, qui se consacre maintenant à son mieux être à temps plein. Sa copine Conny, qui travaille dans un salon de tattouage/percing, vient de me prêter son appartement pour la durée de mon séjour ici, qui vient de se prolonger sans crier ashtung! Je déménage donc samedi dans le quartier turc de Berlin, qui ressemble un peu à notre Mile-End montréalais. Étant donné que l'emploi du temps de Andy est plutôt semblable au mien, il s'est improvisé guide privé. Nous voilà donc parti sur la selle de Fraülein pour découvrir les lieux de Berlin où les toutristes ne se rendent pas nécessairement. Andy a travaillé comme gréeur (attaché au bout d'une corde pour installer des fenêtres ou réparer les briques à 150' de hauteur, genre) sur les édifices les plus importants de Berlin et il connait donc la ville et son histoire comme pas d'autre. Non mais avouez! Aurais-je pu imaginer trouver meilleur guide?
Caliméro et Andy

Andy, personnage très coloré,(je fais référence à ses nombreux tattous) a choisi de porter son casque d'escalade pour la randonnée de moto. Notre première journée c'est terminée en faisant une saucette dans les eaux du lac Havel, à la sortie de Berlin. On a mangé ein Curry Wurst , une saucisse au curry, qui serait l'équivalent de notre poutine québecoise traditionnellement parlant.

Berlin est une ville extrêmement cosmopolite, à l'architecture complètement éclatée; des vestiges d'avant les grandes guerres aux édifices originaux et modernes, chaque quartier possède son charme particulier. Les Berlinois et Berlinoises sont acceuillants, très ouverts et d'une originalité peu commune. J'ai apperçu un punk avec un mohawk orange fluo qui faisait son jogging dans le parc cet après-midi... C'est vous dire comme les temps changent!
Il y a ici des cyclistes partout et de tout accabit. Leur ville est par contre très bien aménagée pour permettre la cohabitation de tous les véhicules confondus. Bien que nous soyons dans la période des vacances, j'ai l'impression qu'il n'y a jamais « d'heure de pointe » ici. Autre particularité non négligeable, la quantité de jolies femmes: c'est époustouflant! Toutes ces jolies filles à bicyclette, ça m'arrache presqu'une larme, un gigantesque sourire à tout le moins...Je suis persuadé que le concept publicitaire de la grande blonde à bicyclette fut inventé ici! J'me suis donc mis au Yoga cette semaine et je m'applique beaucoup! C'est un lieu excellent pour faire connaissance, vous ne trouvez pas? «Vous réussisez très bien le pont! Moi, j'ai un peu de difficulté avec le chameau...»
On mange ex-ces-sive-ment bien à Berlin! Il y a partout partout plein de restos/terrasses de toutes nationalités, abordables et de bon goût. Par chance je m'en tient à ma discipline alimentaire et je suis comblé!
Parce qu'il faut bien commencer quelque part, j'ai eu ma première contravention pour excès de vitesse cette semaine: je roulais 53km/h dans une zone de 30km/h. Les policiers ont pris un temps fou pour dresser ma contravention parce que je devais payer tout de suite vu que je n'ai pas d'adresse en Allemagne. Il leur fallait absolument LE formulaire pour me faire un reçu: je suis donc plus pauvre de 35€ et nous étions tous souriants. Eux de voir une motorrad qui a traversé l'océan et moi d'une si petite conséquence à mon imprudence.

Pour ceux qui trouvent que les photos sont trop petites, vous pouvez cliquer sur les photos pour les voir dans leur plus grand format possible via ce blog. Si vous en voulez plus il faudra attendre mes conférences internationales, à ma retraite, dans quelques années...

18 juillet 2010

Frankfurt Berlin

Cette première semaine en Allemagne fut tout simplement parfaite! J'ai eu trois jours pour me remettre du décalage horaire dans le royaume super-méga bien organisé des allemands. Au cour de mes premiers jours à Frankfurt, j'ai eu l'impression que tous les allemands avaient au minimum une Volkswagen de l'année! Il y a ici autant de Porshe qui circulent qu'il y a chez nous de BMW; pour les BMW c'est comme une Ford Focus...assez commun. Mais bon ! Frankfurt n'est pas l'Allemagne (c'est la plus grand ville d'affaires de ce pays) et le reste est ma foi très surprenant.
J'ai dû faire l'acquisition d'un GPS, parce qu'après 2 jours à tourner en rond avec les noms en « strasse » et en « burg », j'étais un peu perdu... C'est une invention absolument FANTASTIQUE ! Bien sûr, j'ai dû avoir une petite discussion intense avec la petite voix qui tentait de me dire quoi faire, mais j'ai gentiment abdiquer quand j'ai compris sa méthode. J'obéis maintenant au doigt et à l'oeil à ses coneils. Même si je m'échappe quelques fois, je finis par revenir sur le droit chemin.
J'ai donc pris deux jours pour rallier Berlin oû je prévois rester six ou sept jours. Il y a tant à voir et c'est un peu plus sympa, moins business que Frankfurt.

Je vous fais, un instant, un retour sur ma chambreuse de Frankfurt: un personnage en soi! Elle se prénome Magdalena. Une femme dans le début de la cinquantaine qui a divorcé deux fois. Elle a longtemps travaillé pour le tax buro et comme ambulancière en même temps: elle bossait quatre-vingt heures/semaine ce qui l'amena inexorablement vers une dépression majeure dont elle se dit maintenant guérit . Elle pratique aujourd'hui le Yoga, le Taïchi, le Chiquong et le Taekwondo. Chaque fois que je lui ai demandé une information ou émis un point de vue, c'était pour elle une occasion d'entamer un MONOLOGUE intarrissable sur son passé et son présent, duquel je n'arrivais à m'extirper qu'en prétextant un urgent besoin d'aller aux toilettes. Fin de la parenthèse.

L'itinéraire que j'ai emprunté pour rejoindre Berlin était miraboustupiflant (je vais commencer à inventer des superlatifs parce que je sens qu'il va m'en manquer). La campagne allemande est extrêmement belle et variée. Tous les petits villages traversés étaient d'un pittoresque Hollywoodien, en mieux. Mais le boute du boute c'était la route (son état); ici tous mes lecteurs québéquois vont baver! Tout simplement impeccable ! Est-ce qu'on pourrait payer un voyage en Allemagne aux ingénieurs du réseau routier québequois? Non maman! Je n'ai pas exagéré sur la vitesse, on sentais presque pas que j'allais à ,,,... pas trop vite en tout cas!
Me suis arrêté à Göttingen (que je pensais) pour la nuit. C'était en fait Göttingun. Un très joli village plus pittoresque finalement que la ville (ordinaire) de Göttingen que j'ai fini par traverser le lendemain.
J'avais demandé à mon ami GP's de me faire un itinéraire qui emprunterait des routes moins fréquentées. Quel ne fût pas ma surprise de me retrouver à rouler au beau milieu des champs pendant quatre kilomètres; j'en ai hurlé de rire à réveiller les hirondelles qui me regardaient d'un air terrifié. J'me sentais comme un gamin parti s'inventer une histoire en roulant dans les champs avec son bécycle à siege banane. La musique à tue tête dans mon casque ( I Feel Good des Pussy Cat Dolls). Un moment mémorable!
Caliméro et Jésus sont sortis du sac en voyant un champs planté d'éoliennes, un peu surréaliste comme vision!
Je commence à découvrir Berlin aujourd'hui ! Ça promet! À bientôt...

14 juillet 2010

L'arrivée

Mes derniers moments au Québec resteront marqués longtemps dans ma mémoire. J'y ai reçu tellement d'amour ! Vos témoignages d'amitité sincère m'ont profondément touché. Merci ! Je suis rempli de gratitude. J'ai du gaz de bon sentiment pour faire un bon bout de chemin.
Mes derniers instants en compagnie de ma fille Lili Rose ont été particulièrement intense et heureux. Je n'ai pas encore trouvé de vocable pour exprimer tout ce que je ressens pour elle. Ensemble nous avons choisi mes deux mascottes de voyage que je vous présente aujourd'hui: Caliméro, alcoolique et son parrain Jésus. Ils sont ici devant l'Opéra de Fankfort, la ville allemande où je viens d'atterrir. Pourquoi avoir choisi Frankfort? Pour la simplicité et l'efficacité allemande pour l'importation de ma moto allemande. Elle en profite pour faire un retour au bercail et moi pour faire connaissance avec ses géniteurs.
Je vais maintenant vous raconter ma première journée de voyageur à temps plein. Tout a débuter avec le départ de Montréal. Nous avons décollé avec deux heures de retard; oui vous avez bien lu deux heures ! Deux heures à se faire dire qu'il restait des bagages à embarquer dans la soute et du fuel à mettre, mais qu'étant donné l'orage les employés au sol ne pouvait pas procéder. Pendant ce temps on nous dit que ça ne prendra que 15 minutes et on reste gentiment assis dans l'avion. Caliméro tempêtait allégrement pendant que Jésus lui disait d'arrêter de faire du ressentiment envers les syndiqués d'Air Banana.

En débarquant de l'avion, je me rend au comptoir d'information dans le but de m'informer d'où se trouve Air Transat Cargo qui est transporteur officiel de ma Fraülein moto. Gunter, employé exemplaire de l'aéroport à qui je brandit un document officiel fournit par mon brooker de transport, se mit activement à la recherche de cet entreprise qui ne figurait pas dans son livre officiel. Après avoir fait 11 appels (un record pour lui !) et s'être fait presque engueuler, Gunter, échevelé,tout fier mais tout rouge, me brandit un bout de papier sur lequel est incrit un numéro de téléphone que je pourrai composer à partir de 13:15h pour réclamer ma motorrad (motocyclette en Allemand): je suis pantois devant cette démonsration de l'efficacité allemande !
Comme il n'est que 10h, j'en profite pour me rendre à l'adresse de Magdelena Von Urff, où j'ai réservé une chambre pour trois jours. Je suis acceuilli par cette femme tout aussi efficacement. En apprenant la nature de mon voyage, elle s'empresse de trouver les ressources dont j'aurai besoin pour mon séjour en Allemagne (autres Bed & Breakfest, etc...) et me conduit à l'ADAC au centre de Frankfort, qui est l'équivalent de notre CAA. Je dois m'y procurer des assurances pour la moto avant de retourner à la zone cargo.
Après être devenu membre en règle de l'ADAC (leurs services me seront accessibles durant toute la durée de mon séjour, partout en Europe), je me rend donc à la zone cargo pour récupérer Fraülein. La paperasse avec le transporteur fut simple et tout aussi efficace que précédemment. Ce fut une autre histoire avec les douaniers; j'ai fait l'erreur de leur parler de mon voyage et sorti mon Carnet de Passage en Douanes, nouveau formulaire inconnu d'eux. À la question « profession » j'ai aussi fait l'erreur de dire le mot « cinéma ». Ils se sont mis à trois pour s'occuper de moi, me proposant des contacts pour la diffusion de mon « film », feuilletant mon Carnet avec admiration. J'ai dû insité pour ne pas qu'ils l'utilisent (on m'avait dit que ce n'était pas nécessaire pour l'entrée en Europe). C'est presqu'à regret qu'ils m'ont laissé partir, après une heure, en me souhaitant un excellent voyage.

Après trente heures debout je reviens chez Magdelena qui m'a gentiment préparé à souper. Elle est très volubile et je regarde mon lit du coin de l'oeil avec une attirance évidente. J'y ai dormi onze heures d'affilées, pour ensuite bénéficier d'un copieu petit déjeuner au soleil matinal de Francfort.
Je vous laisse pour commencer à préparer ma prochaine étape: Berlin via Göttingen.
À très bientôt, bande de priviligié.

12 juillet 2010

États d'âme

J'ai entrepris la dernière étape avant le jour J. J'ai un peu l'impression d'être déjà parti. Ma chambreuse me dit que je suis comme une couleuvre entrain de changer de peau. Je mue. J'essaie de penser à tout, ne rien oublier avant de partir. Depuis quelques jours, je fais mes au revoir aux amis(es) que je visite en sachant très bien que nous ne nous reverrons pas avant un sacré bout de temps. Ça ajoute une émotion particulière à ces moments privilégiés. J'ai la certitude que lorsque nos routes se croiseront à nouveau, plus rien ne sera pareil puisque je sais que moi j'aurai  profondément changé.