10 juin 2011

De mer en fille

Istanbul est une ville extrêmement particulière. Scindée en deux par le canal de Bosphore, il y a le côté européen et le côté asiatique. C'est une ville grouillante de culture passée et présente. La circulation maritime sur le canal est dense, mais ce n'est rien en comparaison de la circulation automobile. Et seulement deux ponts pour enjamber cette veine d'eau si importante, relier ces deux continents!
Au nord, la mer Noire qui n'a de sombre que le nom. Au sud, la mer de Marmara dans laquelle baigne la majeure partie d'Istanbul. N'est-ce pas là le théâtre idéal pour accueillir ma douce et tendre progéniture?
J'étais aussi excité qu'un gamin à son premier rendez-vous galant, en me rendant à l'aéroport dans une de mes rares excursions en transport en commun. La Turquie est un pays majoritairement musulman, mais sans doute le plus moderne dans son interprétation de la loi coranique au quotidien. Ici, la divergence d'opinion est grande parmi la population sur le port du hijab par les femmes, et il faut montrer patte blanche en entrant dans beaucoup de lieux publiques en traversant des détecteurs de métaux, comme dans les aéroports.
J'ai par contre été estomaqué quand le contrôle de sécurité m'a refusé l'accès au hall des arrivées de l'aéroport parce que j'avais un couteau suisse dans mes poches; j'ai eu beau plaider dans toutes les langues que je baragouine que je ne venais là que pour récupérer ma fille qui arrivait du Canada, rien à faire. J'ai tenté tant bien que mal de le dissimuler à l'extérieur, il avait disparu quand j'y suis retourné. Mais au diable le couteau suisse! Ma plus grande amie, meilleure compagne de voyage, la petite fille que j'aime tant était près de moi et plus rien d'autre n'avait d'importance.
Les cinq premiers jours passés ensemble chez Bashar furent d'heureux moments de retrouvailles. Partagé entre le spectacle en plein air de Marianne Faithfull au musée d'art moderne offert par Alp (ami d'un ami qui est producteur de spectacle), quelques excursions en ville, le déjeuner champêtre en compagnie de la famille de Bashar, une mini croisière sur le Bosphore et les derniers préparatifs, le départ à l'aventure nous apparaissait maintenant comme des vacances nécessaires.
Pour notre première journée il faisait une température splendide, idéale pour quitter l'énorme ville qu'est Istanbul. Nous avons roulé en longeant la mer de Marmara jusque là où elle change de nom, puis pris un traversier pour enjamber le détroit de Çanakkale. La route qui longeait la péninsule de Gelibolu fut un préambule de ce que nous réserve la Turquie : un petit paradis motocycliste, si on se donne la peine d'emprunter les chemins les moins fréquentés.
On se fait donc un devoir de prendre les plus petites routes possibles, celles qui traversent les petits villages oubliés du reste du monde, qui longent les falaises au bord des mers. Celles aussi qui grimpent dans les montagnes et redescendent dans les gorges profondes, après avoir surpris les villageois médusés de nous voir s'aventurer là. On croise souvent plus de tracteurs, de vaches, moutons et ânes, que de voitures tant notre itinéraire s'écarte des principales routes.
Il fallait descendre une vieille route de pavés jusqu'au pied d'une montagne abrupte pour accéder au village d'Assos, niché dans une calme petite baie. À Ayvalik nous avons pris deux jours pour découvrir les petits racoins, les presqu'îles qui cachaient des trésors comme des secrets d'adolescentes. La moto nous permet d'accéder à des endroits difficilement accessibles autrement, de faire saucette sur des plages désertes.

Arrivant à Foça, la fanfare locale et traditionnelle était en pleine démonstration. Foça est un petit village de pêcheurs qui se transforme en station balnéaire quand les vacanciers débarquent. Comme nous voyageons juste avant le début des vacances scolaires, nous évitons, encore pour quelques jours, le déferlement des plaisanciers qui ne devrait pas tarder. Mais impossible d'échapper au tintamarre vociférant déversé quotidiennement par les petites fourgonnettes des différents partis politiques qui s'affronteront lors des élections qui auront lieu dans 3 semaines.
 Nous avons donc opté pour une excursion d'une journée sur un petit bateau sympathique. Baignades et grillades au menu, nous avons fini par faire la connaissance d'un trio de joyeux retraités Turcs (ex-militaires) et d'un groupe d'allemands. Foça tient son nom de la population de phoque, aujourd'hui en voie d'extinction, qui serait à l'origine de la légende des sirènes.
Après Foça un petit intermède dans la grande ville d'Izmir chez un jeune couple de CouchSurfer qui nous ont gentiment accueillit, et nous reprîmes la route pour Pamukkale, un lieu incontournable en Turquie. Au sortir des montagnes, quand on débouche sur la gigantesque vallée, on aperçoit une tache blanche au loin. Plus on s'approche, on croirait que c'est de la neige.
Il faut gravir la pente, marcher sur l'eau qui s'écoule et se laisser tremper dans les travertins formées par le calcaire pour bien apprécier ce site extraordinaire, très curatif au dire de plusieurs. L'hôtel agréable, situé un peu à l'écart du centre avide des touristes qui débarquent en masse chaque jour, nous à semblé un bon endroit pour s'échouer quelques jours et faire la découverte du reste de la région. Ici encore les alentours montagnards nous ont offert de pétillants spectacles, de délicieuses randonnées.
Le soleil plombant des derniers jours nous invitait prestement à rejoindre la côte d'une mer rafraîchissante sans délais. Mon amie Babeth, dont j'ai fait la connaissance sur un navire naviguant sur les flots bleus de la mer Rouge, nous attendait impatiemment à Yalikavak, sur la péninsule de Bodrum.
Elle travaille pour une grande agence de voyage française, dans un hôtel du coin. Le cuir des fesses usé par une randonnée de plus de 300 kms, sur des routes, parfois des sentiers fréquentés seulement par des ânes et des moutons, et les eaux cristallines du hameau nous ont convaincu d'y passer un peu plus de temps que d'ordinaire.
 Entre autre une journée dédiée à la plongée sous-marine pour assouvir la passion de ma fille-poisson. Et pourquoi pas un jour entier consacré à baigner nos fessiers, tantôt dans l'eau salé de la mer d'Égée juste en face, puis rincé ensuite dans la magnifique piscine de notre modeste refuge?
Nous abordons maintenant une autre partie du voyage. Le cap de la moitié est déjà passé, le compte à rebours est commencé. Chaque petit 24h sera une fête, un jour de plus à savourer ensemble ces paysages fabuleux, à partager ces moments de joie et de simple bonheur. La vie est si généreuse quand on la laisse s'offrir à nous.

Profitez bien de l'été qui commence et surtout pas d'excuse pour ne pas prendre un peu de temps pour vous...

5 commentaires:

Anonyme a dit...

bonjour Martin
Heureuse de savoir que tout va bien...un peu de serenité apres l agitation des pays voisins....Profite au maximum de ce bonheur intense et partagé avec Lilly.....
au plaisir mon ami
Nath de Normandie

Anonyme a dit...

Wow, quel beau cadeau ce matin que ce blog de grand voyageur. Merci!

Evelyne

lucieluk (Lucie Lafontaine) a dit...

Salut les cocos
super heureuse pour vous 2
quelle pays de mer...j'en rêve!!
J,ai eu un choc lorsque j,ai vu la photo de BABETH c,est mon sosie ..lorsque j'étais plus jeune....
cé moi tout crachée...vraiment
je me disais comment ça se fait qu'il a une vieille photo de moi???
Bizzzz
hihihihih
alors profitez de chaque seconde
salue Lili pour moi
à bientôt..Lu

Guy a dit...

Bonjour mon ami,

Désolé de donner si peu de nouvelles...c'est que la vie est quelque peu exigeante ces temps-ci.

Mais, tout finit par s'arranger et l'horizon se présente assez bien.

Je pense souvent à toi!

Guy

franck ackermann a dit...

Voilà bientôt un an que nous nous sommes rencontré (à l'hôtel de Calais) et je vois avec plaisir et joie, que ton périple n'est toujours pas achevé. Bien heureux le 'Free Born Man'. Comme je t'envie.

Keep rockin' !

Franck